Un outil au service du développement local
La Chambre de Commerce et d’Industrie de la Mekerra (CCIM) a organisé, le jeudi 28 mars 2019, à l’Hôtel Eden, une journée d’étude sur la Stratégie de développement des villes (SDV) qu’a animé M. Farouk TEBBAL, ex-ministre, expert et consultant international.
Placée sous le thème « la SDV, un outil au service du développement local », cette journée d’étude a vu la participation des maires des communes de la wilaya de Sidi Bel Abbès, de représentants des entreprises en bâtiment et en construction, de bureaux d’études, d’associations locales, d’universitaires ainsi que les responsables des secteurs de l’urbanisme et de l’environnement. Pour le président de la CCIM, M. Ali KHANTEUR, le choix du thème de cette journée d’étude s’inscrit « en réponse aux attentes des différents intervenants dans le secteur de l’urbanisme en termes de formation et de maîtrise des éléments de développement des villes ». Au programme de cette rencontre, quatre axes de réflexion ont été débattus par l’assistance, à savoir : « Le contexte général de la Stratégie de Développement Urbain dans les pays de la Méditerranée », « L’évaluation qualitative des stratégies dans les pays de l’est et du sud de la Méditerranée », « Apports des stratégies et recommandations » et « Emergence des besoins de bonne gouvernance et des demandes participation par les acteurs concernés à tous les niveaux ». Dans son allocution, M. Farouk TEBBAL a fait remarquer que les instruments classiques de planification urbaine sont de moins en moins efficaces pour un développement harmonieux et durable des villes « au regard de défis qu’elles connaissent dans les pays développés que dans les pays en développement ». Des approches nouvelles (Agenda 21 local, la Stratégie de Développement de la Ville, les projets de territoires, etc.) sont apparues, dira-t-il, pour répondre aux limites des instruments classiques (PDAU, SWAT) et, surtout, les compléter. Les pays de la Méditerranée, notamment ceux de sa rive sud et est, connaissent des mutations rapides qui ont essentiellement lieu dans les villes, a expliqué M. TEBBAL, consultant principal pour le projet de stratégie de développement urbain de la ville d’Alep en Syrie ainsi que le projet de réseau des villes de la région du Maghreb (CoMun) pour le compte de la coopération allemande (GIZ). En 2025, selon une projection de la Commission de décentralisation et autonomie locale (CGLU), les trois quarts (75%) de la population totale sera urbaine, a-t-il poursuivi. Et de préciser que les villes reflètent également les plus importantes contradictions et fragilités des pays, notamment sociales et environnementales. Alors que la frange juvénile représente une proportion importante de la population et qui, dans un avenir moyen, accroîtra les demandes d’emplois, de logements, d’éducation, de santé et de services.
Une vision concertée et partagée de la stratégie
« Pour relever ces défis et mettre à profit les opportunités offertes par la ville des Stratégies de Développement Urbain (SDV) sont mises en œuvre dans ces pays depuis plus d’une décennie complétant des pratiques classiques de planification urbaine », a souligné M. TEBBAL pour qui les villes « sont le fer de lance de l’économie du pays (80% du PIB) » et représentent « le lieu idéal pour l’incubation des activités économiques ». Evoquant les perspectives de développement de la ville de Sidi Bel Abbès, M. TEBBAL a suggéré la réalisation d’un diagnostic participatif et à s’inspirer des expériences menées à travers d’autres villes du monde. Pour ce faire, les étapes préconisées par les experts consistent à élaborer une vision concertée et partagée de la stratégie et des plans d’action, la mise en œuvre et l’institutionnalisation la SDV et à élargir la base de prise de décision. Aussi, M. TEBBAL a préconisé la prise en compte des problématiques, émergentes telles que la vulnérabilité des villes aux risques naturels, le changement climatique, l’économie d’énergie, etc. « Il est nécessaire d’accorder plus de pouvoir aux autorités et acteurs locaux, notamment le secteur économique. Il est tout aussi indispensable de procéder à une ouverture sur la démocratie locale en donnant la parole au citoyen et en l’impliquant dans la transformation de sa ville », a-t-il ajouté. A ce propos, M. TEBBAL a plaidé pour le recentrage du rôle de l’état et de ses démembrements territoriaux, la valorisation des statuts des cadres et agents des collectivités locales ainsi que la mise en place d’institutions de développement spécialisées. Il s’agit, notamment, de créer un observatoire du développement local avec comme produits livrables des études, des statistiques, des analyses et un réseau bancaire dédié au développement local.
La démarche proposée par M. TEBBAL a pour objectifs de rattraper le retard (emploi, habitat, infrastructures), d’assurer la croissance économique d’améliorer la gouvernance de la ville (demande pressante des populations) et d’offrir une démarche locale pour améliorer l’habitabilité, la compétitivité, la gouvernance, et la « bancabilité » des villes.